" Bakhita " Véronique Olmi
BAKHITA
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464 Pages
Véronique Olmi est un écrivain français, née en 1962 à Nice. Elle est la petite-fille de Philippe Olmi, ministre de l'Agriculture, député des Alpes-Maritimes et maire de Villefranche-sur-Mer durant 20 ans. Après avoir suivi des études d'art dramatique elle a été assistante à la mise en scène. Auteur pour le théâtre, elle publie, en 2001, chez Actes Sud, son premier roman, Bord de Mer.
Quatrième de ouverture ( Albin Michel ) :
Elle ne sait pas comment elle s’appelle, elle a laissé son prénom au bord de la rivière. Elle voit les deux hommes, elle ne se méfie pas. Une fillette c’est ce qui se vend le plus cher, ils voient qu’elle est belle, une beauté de harem. Ils lui disent qu’elle se nomme Bakhita, son nouveau nom, elle entre dans le monde de la violence et de la soumission. Bakhita comprend que la fuite est du temps perdu, le monde des esclaves est le sien maintenant. L’argent circule, un nouveau maître à chaque fois, l’esclave une espèce animale qu’il faut dompter.
Dans la première partie de ce roman il y a des scènes terribles, l’écriture toute en retenue de Véronique Olmi ne nous épargne cependant aucune horreur. Le monde de l’esclavage où l’on ne sait plus où sont les vivants et les morts, où la vie n’a aucune valeur et seule la mort peut soulager. Nous suivons Bakhita pendant plusieurs mois de marche à travers le soudan, les coups qui arrachent la chair, un quart des esclaves meurt en route. L’auteur nous entraîne à sa suite à Khartoum, le Nil, la mer rouge, le canal de Suez, la méditerranée, et enfin l’Italie, un pays où les femmes sans enfants ne sont pas répudiées, où les femmes peuvent sortir seules et sans voile.
Elle ne sait pas qu’elle est enfin arrivée chez elle, que son corps objet de profit et de tant de violences va lui être rendu. L’histoire vraie d’une âme simple et sensible, elle a vu le diable, maintenant elle veut voir Dieu. Elle veut devenir la fille d’un père qui ne l’abandonnera jamais. Cette seconde partie Véronique Olmi la rend plus douce malgré l’évocation de Mussolini et du fascisme où les races inférieures, les nègres et les juifs menacent la pureté du pays.
Un récit inhumain rempli d’humanité. Un livre lumineux comme Bakhita l’esclave devenue sainte. Véronique Olmi nous livre une très belle évocation d’une personne humble et discrète. Et une fois ce roman refermé, le lecteur ne sait plus si l’émotion ressentie tout au long de sa lecture vient du talent de Véronique Olmi ou tout simplement de tout ce que la vie de Bakhita nous inspire, sûrement un peu des deux.
Ce livre n'est pas seulement le récit d'un adultère, il revèle bien d'autres aspects de la nature humaine.